29 décembre 2006

Taveuni, Iles Fidji


Les poissons et la French Légion Etrangère*

C'était une chaude soirée à Taveuni**, comme elles le sont toutes à Taveuni. Je suis allé manger un truc à la noix de coco dans un joli restaurant. La serveuse s'appelait Joséphine et les types attablés près de moi m'ont invité à déguster le kava avec eux. Le kava, c'est un liquide brunâtre au goût savonneux, préparé avec la poudre d'une racine locale. C'est pas appétissant du tout, mais étrangement, on apprend à l'aimer. Le kava fidjien, contrairement à son quasi-homonyme d'origine éthiopienne (le café), produit un léger effet anesthésiant sur le palais et un effet relaxant sur l'esprit. Ce subreptice effet spirituel est idéal quand on est un petit octopus qui jouit, en toute innocence, d'une longue soirée sombre et chaude au bord de la mer.

Le kava permet aussi de rencontrer des types, c'est une occasion sociale. On le fait tourner entre potes, comme un joint. On le boit dans une unique petite coupe faite de noix de coco.

Les types étaient sympas. L'un d'eux, qui s'appelait Sam, se targuait d'une lointaine ascendence suédoise. Il avait arpenté les mers du globe à bord de différents paquebots dodus. Un autre s'appelait Joe et avait une carrure impressionante, mais il m'invita quand même à aller pêcher avec lui le lendemain. Malgré la maudite malchance chronique qui caractérisa ma carrière de pêcheur jusque là, j'acceptai, dans l'espoir de quelque aventure.

Quand le kava fut épuisé, j'avais le palais tout shampouineux et tout engourdi. J'ai longé la mer pour rentrer à l'auberge de Mary, à une demi-heure de là. La pleine lune éclairait mes pas. Il y avait une forêt sur mon chemin, et avant d'y entrer, je me suis armé d'une grosse branche de palmier. Sage précaution, les clebs errants sont venus me trouver, aboyeurs et chicaneurs. Ma branche de cocotier les a fait fuir. Dans l'auberge de Mary, j'ai bien dormi grâce au kava.

Tôt le lendemain, je me suis rendu chez la tante à Joe, mon maître-pêcheur. La famille dégustait de la poissaille à déjeuner, tandis que les petits enfants jouaient les tyrans avec les chats de la basse-cours. Les chatons recevaient des bisous, se faisaient câliner et caresser; puis, alternativement, ils étaient lancés, frappés, bottés. Ils tentaient de s'enfuir de leurs petites pattes mal assurées, mais inexorablement, leurs bourreaux les rattrapaient et se remettaient à les torturer. Tel semble être le sort des chats fidjiens, tout au long de leur enfance: ils servent de jouet à la cruauté des bambins. Par contraste, les chatons pouvaient compter sur la complicité des chiens de la basse-cours, qui les regardaient d'un air bienveillant.

Je remarquai devant la maison un chaton minuscule, encore tout fripé, qui ce matin-là échappait à la vindicte des enfants. Il était occupé à observer un énorme chien, lequel léchouillait avec passion une noix de coco. Le chaton avait les yeux tout ecarquillés et semblait fasciné par les moindres gestes du clebs. Mais celui-ci ne prêtait aucune attention à son admirateur. La noix de coco l'absorbait complètement; à en juger par sa voracité, elle devait constituer pour lui un festin absolument inespéré. Quant à moi, je trouvais la scène fascinante. J'observais le chat qui observait le chien qui ne pensait qu'à sa noix de coco. Je finis par adresser la parole au chaton en espagnol, mais il ne réagit pas (depuis le début de mon voyage, j'ai pris l'habitude de parler aux enfants et aux animaux en espagnol). Puis fatalement, je fus pris d'une envie irrésistible de l'attraper, ce petit chaton. Je ne compris pas que mon intervention allait détruire brusquement la magie de ce moment. Me voyant approcher, le clebs sursauta, abandonna sa noix de coco et s'enfuit sans demander son reste. Le petit chat, réveillé de sa rêverie par le brusque mouvement du chien, s'effraya et se mit à courir en patinant de ses petites pattes.

Alors on est parti pêcher. Sacha, qui est le cousin de Joe, est venu avec nous. Sacha est unijambiste. Un soir, il a reçu un coup de couteau dans la cuisse lors d'une échauffourée dans un bar. Sa famille a voulu le soigner elle-même, à la maison. La blessure s'est infectée et la jambe de Sacha a du être coupée.

Sacha est entré dans l'eau avec ses béquilles. On a rapproché le canot de pêche de la rive et il y a bondi de sa jambe unique. La mer était calme et le ciel couvert. On a jeté l'ancre à une centaine de mètres de la côte. C'est la que la partie de fléchettes a commencé***.

Notre arme pour la pêche: un long harpon, très fin, en acier; c'était en fait une sorte de flèche, pointue à une extrémité, en forme de Y à l'autre. Un court tube en caoutchouc, attaché au poignet du pêcheur, allait servir à propulser cette flèche dans l'eau; la flèche s'emboitaît par son extrémité dans un fil de fer attaché à ce caoutchouc.

On a enfilé nos masques et tubas et on s'est mis à l'eau. Joe m'a confié un long fil en acier, dont j'ignorais l'usage. Il m'a dit de nager lentement derrière lui. Bientôt, Joe décocha son premier coup. La lance en fer a fusé dans l’eau et s'est plantée dans un corail. Entre Joe et le corail, il y avait un petit poisson noir, qui, en sortant de chez lui ce matin-là, ne s'était pas douté que son dernier jour était venu. Il s'est fait empaler, litéralement. S’agrippant désespérément à la vie, il agitait frénétiquement sa petite queue et ses petites nageoires et ce mouvement le faisait tourner à toute vitesse autour de la barre de fer qui lui traversait son corps. Je tendis à Joe le fil de fer. Il en fit entrer l'extrémité dans l’œil du poisson et ressortir de l’autre œil. Puis il glissa le poisson par ses orbites tout le long du fil de fer jusqu'à un gros nœud qui l’empêchait de s’échapper. La lance fut retirée du corps du poisson et Joe se remit a l'affût. Moi, je me mis à traîner les poissons derrière moi, un de plus à chaque flèche. Parfois je m’arrêtais pour observer, de tout près, les petits corps des poissons, leurs couleurs resplendissantes, les fines dentelles de leurs nageoires. La plupart des poissons étaient encore vivants plus de deux heures après leur capture. On ne les tue pas, pour qu'ils restent frais.

Nous nagions à basse profondeur. Parfois, le corail me chatouillait le ventre et je donnais des petits coups de palmes saccadés pour ne pas m'échouer sur le corail. Puis nous aboutissions dans des ouvertures sablonneuses plus profondes dans lesquelles nous pouvions nager plus librement. Joe ne portait qu'une palme parce qu'il avait prêté la seconde à son cousin unijambiste. De son pied nu, il s'appuyait sur les coraux. Ses pieds et ses genoux étaient couverts de cicatrices, coupures infligées par les coraux tranchants. De temps à autre, il donnait un vigoureux coup de palme pour plonger sous les flots et scruter une crevasse dans le corail.

Trois heures durant, nous avons silloné les terres de Bob L’Eponge. Joe semblait inépuisable. Une fois sur cinq environ, il faisait mouche de sa flèche. Les poissons s’accumulaient sur le fil de fer derrière moi. Des jolis poissons du corail, des poissons-papillons jaunes et bleus, des poissons roses et des poissons jaunes. Parfois, un spasme les agitait, ils tentaient frénétiquement de se libérer. Peine perdue. Les petites créatures, si libres à voler dans les coraux quelques instants auparavant, souffraient, les yeux crevés. Depuis des générations, les poissons du corail donnent leur vie pour que les hommes des îles se nourrissent.

Mais Joe me tira de mes rêveries aquatiques en pointant brusquement son bras à sa gauche: un requin s'était approché de nous. Avant la plongée, il m'avait raconté que les requins tournaient parfois autour de lui pour tenter de lui chiper des poissons. Il lui est même arrivé de leur mettre des coups pour les éloigner. Celui-là devait faire un peu moins de deux mètres, un requin à ailerons blancs. On ne peut refuser au requin une certaine élégance funèbre... Malgré mon anxiété à son approche, je ne pus m'empêcher d'admirer ses courbes sveltes, dessinées pas des millions d'années d'évolution aquatique. Il glissait, plus qu'il ne nageait, dans notre direction. Mais Joe fit court procès du requin. Il saisit un morceau de corail et, portant son bras au-dessus de la surface, le lanca en direction du requin. Du point de vue sonore, un caillou qui tombe sur les flots doit faire pour un poisson l’effet d’un petite explosion. Quand le corail toucha l'eau au-dessus de sa tête, le requin s'est effrayé et a pris ses jambes à son cou. Comme un clebs auquel on lance un caillou, que je me suis dit, en ricanant sous mon masque... Pas très glorieux pour le roi des profondeurs.

Après cela, Joe s’est remis a pêcher, impassible. Moi, j'étais un peu inquiet. Je n'ai pas trop l'habitude de côtoyer les requins. Le nôtre a continué à nous suivre un moment, puis a disparu.

J’ai profité du temps passé sous la surface pour observer le monde sous-marin. Cette partie de pêche, c’était comme une longue, longue plongée, et j'avais tout le loisir d'observer la faune marine dans sa splendeur. Le fonds de la mer était couvert de magnifiques coraux aux couleurs resplendissantes: rose, violet, vert, bleu, rouge, orange. Tout cela était vêtu d'une teinte brillante, presque fluorescente qui rendait magique ce paysage aquatique. Me la jouant biologiste, j'ai tenté de distinguer les éponges des coraux, les coraux mous des coraux durs, les éponges molles des éponges dures. Peine perdue. Impossible de déterminer, a distance, la consistance de ces créatures. Un corail qui paraissait mou comme un flan se révélait, sous mes doigts flétris, dur comme le roc; un autre, que j'estimais solide comme du granit, était mou comme un marshmallow. Absurde.

J’ai un peu souffert, sur la fin de la partie de pêche. Mon masque se remplissait d'eau de mer que mes canaux nasaux aspirait, les transformant en une sorte de substance visqueuse que je toussais dans mon tuba, pouah. A force d'avaler de l'eau de mer, je pris soif comme une chamelle perdue en plein désert. Puis j'ai attrapé faim aussi et je me suis mis à grelotter sur le corail. Finalement, vers une heure de l'après-midi, nous sommes remontés dans la barque. Joe avait attrapé une trentaine de poissons. Pas satisfait de son butin, il s’est remis à la flotte (sans moi).

Sur le canot, les autres pêcheurs se sont mis à préparer un petit repas sur le pouce : poisson sashimi et tapioca. Ils ont pris les derniers poissons attrapés, encore vivants, les ont vidés et écaillés, et on les a dévorés tout frais, leur chair toute rose seulement augmentée d’un peu de jus de citron. Ohlala. Mes amis, la viande fraîche de ces élégants poissons colorés, qui quelques minutes auparavant frétillaient encore dans leur royaume de corail, fut une babinette succulente. Malgré les masalas indiens, les plats au coco en Indonésie, les restaurants de Singapour... ça, ça, ces petits poissons tout frais, ce fut la suprême expérience culinaire d'une demi-année de voyage. Si l'orgasme buccal existe, je l'ai eu, là-bas, au large de Taveuni.

Sacha, le cousin unijambiste, est celui qui a ramené le plus de poisson. Couronnant ses prises, il a même ramené un beau homard écarlate. Moi, des crustacés bien dodus comme ça, ça me donne l'eau à la bouche. Je fis remarquer à Sacha qu'une prise comme celle-là se dégustait à un prix époustouflant dans mon pays. Sans hésiter, il me l'offrit pour que je le mange à mon souper. Quel bonheur! Joe, quant à lui, de retour de sa deuxième plongée, me raconta une histoire aberrante: il avait de nouveau croisé le requin à pointe blanche, celui-ci s'était coincé la tête dans un trou de corail, et Joe l'avait tiré par la queue pour le sauver. Je doute encore maintenant de la véracité de cette histoire rocambolesque. Un requin peut-il être aussi bête.

Notre petit canot chargé de poissaille a pris le chemin de la côte. Joe s'est mit à me raconter sa vie. Il vivait dans les collines à l’intérieur de l’île de Taveuni, loin des côtes où les villageois sont établis. Le centre de l'île est très accidenté et couvert d'une végétation luxuriante, arrosée par des averses quotidiennes. Joe subsistait sur sa ferme grâce à de petites plantations de tapioca, à la pêche et à la chasse. Pour pallier à ses maigres revenus, il avait à plusieurs reprises travaillé pour l’un ou l’autre des grands hôtels luxueux qui fleurissent sur les îles Fidji pour accueillir de riches touristes occidentaux. Par exemple, quand Keith Richards est tombé sur le crâne d'un cocotier fidjien, il pionçait dans un hôtel à 6000 dollars la nuit.

Mais un jour que Joe travaillait comme cuistot dans un palace, il a baisé une touriste anglaise. L'union fortuite a produit une petite fille, qui est née en Angleterre et que Joe n'a jamais vue. 7 ans quand j'ai rencontré Joe, et il m'a affirmé qu'il avait elevé 7 chevaux pour sa fille et qu'il les lui donnerait un jour. J'ai compris que cette petite fille sur une île brumeuse loin de la sienne était son obsession et sa chimère. Les chevaux, c'étaient des chevaux sauvages qu'il avait capturé dans les collines de Taveuni et qu'il avait domestiqués à sa ferme. Sept chevaux pour les sept années de sa petite fille. Petit paysan-pêcheur, perdu dans sa jungle au coeur du Pacifique Sud, sans métier, Joe se sentait être un papa indigne. Il était rejeté et méprisé par la mère, et 180 degrés de latitude le séparaient de sa fille.

Alors Joe me parla de son projet absurde, de ce qu'il pense être le seul moyen pour lui de voir un jour sa fille : s'engager dans la French légion étrangère, servir en France, tout sacrifier pour avoir une chance de vivre en Europe. Je n'ai pas saisi, d'abord. Un type comme lui, qui vit paisiblement dans un petit paradis, se jeter dans une entreprise capable de ruiner sa santé, à l'autre bout du monde! Donner de longues années de sa vie, risquer la guerre et le sang, dans l’hypothétique espoir de revoir une famille qui le rejette...

J'ai essayé d'expliquer à Joe ce qu'est vraiment la French légion étrangère. C'est que je la connais un peu, pas en tant que parachutiste du 2e rep, mais pour ce qu'on m'en a raconté. En Bolivie, quand Régis et moi avons débarqué sur le Salar d'Uyuni, nous avons rencontré un ancien légionnaire qui se nommait Charles. Le Salar est une énorme étendue salée, un désert blanc qui s’aplatit à l’infini sur les confins du plateau bolivien, et Charles était un de ces mecs que tu écoutes parler pendant des heures, un type qui a vécu, dont tu ne mets en doute ni la fanchise, ni l'humilité. Charles est entré à la Légion à Aubagne, s'est fait baffé par son lieutenant avant de partir à Djibouti où la mer est brûlante. Il a traversé le désert de Lybie où gisent encore les tanks abandonnés pendant la guerre du Tchad. Il nous a raconté la légion, les lames qui jaillissent pour des questions d'honneur, les balles qui sifflent au-dessus des casques bleus, en Yougoslavie.

Ainsi, me souvenant les histoires écoutées au Salar, je tentai de persuader Joe de la folie de son idée. La Légion est dure, sauvage, sans pitié. La Légion, ça dure cinq ans au minimum, pas un jour de moins. Joe me répondit, impassible, que ça lui était bien égal, que ce soit dur, que ce soit long. J'ai pensé qu’il était inconscient, qu’il ne savait pas dans quoi il s’embarquait. C’est que je n’avais pas encore compris que Joe était, lui aussi, un type, comme Charles. Pour dire vrai, à la fin d’une journée passée avec lui, je ne doutais plus qu’il était capable d’aller à la Légion…

Une fois à terre, nous avons marché tous les deux jusqu’à mon petit hôtel, l’auberge de Mary. Cette Mary-là était une grosse matronne bonne vivante au cheveux bien crépus, et accessoirement la tante à Joe. Elle nous a laissés frire nos petits poissons de corail dans sa cuisine. Le gros homard de Sacha a été mis à rougir dans un bon bain chaud. On s’est attablés dans son jardin touffu de palmiers et de plantes à tapioca pour déguster le produit de notre pêche dans la douce chaleur du crépuscule polynésien.

Joe m’expliqua quelques détails de sa vie dans les collines, l’élevage des chevaux, la culture du tapioca, la chasse. Joe disposait d’une technique fort ingénieuse pour capturer les coqs sauvages qui foisonnent dans le collines de Taveuni. Il emmène avec lui un coq domestiqué lui appartenant, à la patte duquel il attache un long fil de nylon. Il s’en va dans la forêt, son coq sous le bras. Quand il aperçoit un coq sauvage, il s’approche discrètement, et, caché derrière un buisson, lance son coq en sa direction. Qui a jamais un combat de coqs peut s'imaginer ce qui suit : belliqueux comme ils sont, ils ne peuvent s’empêcher de se foutre sur la gueule à la moindre occasion. Les coups de pattes vigoureux sont leur coup favori; alors, au cours de la mêlée qui s’ensuit, le petit fil de nylon attaché à la patte du coq corrompu s’emberlificote autour de celles de la victime. Lorsque le fil est bien emmêlée, Joe sort de sa cachette ; il ne lui reste plus qu’à cueillir le fruit de son ingéniosité.

Une autre spécialité de Joe est la chasse au sanglier, mais je dois avouer au lecteur que le récit de mon hôte fut trop confus pour que je puisse le rendre en toute fidélité ici. Enfin, voilà ce que j'en ai compris. Le partenaire de chasse de Joe était son cousin Sacha d’avant l’amputation. Les compères arpentaient la forêt à la recherche d'un porcidé sauvage bien dodu; alors Joe allait se poster derrière un arbre, mais à proximité d’un endroit dégagé. Sacha s’approchait du sanglier et le provoquaient en hurlant des cochonneries fidjiennes ou en lui lançant une pierre sur la tronche. Ca ne manquait pas, le poilu animal, blessé dans son amour-propre, se mettait à le poursuivre et Sacha s’enfuyait en courant à toutes jambes, en direction de l’endroit où Joe était posté. Lorsque le sanglier passait devant lui, lancé à toute vitesse, Joe dressait sa lance de bois sur son passage. Le choc du à la vitesse tuait le sanglier sur le coup (c'est tout du moins ce que j'ai compris, mais j'ai du mal à saisir comment on peut tuer une telle bête en plantant un bâton sur son passage... whatever).

Lorsque nous eûmes terminé notre repas, Joe interrompit ses rodomontades, se leva et alla couper une tige de cane à sucre dans le jardin de sa tante. Le bois de cane à sucre est creux à l’intérieur, comme du bambou. Dans le morceau qu'il avait coupé, Joe pratiqua une petite ouverture sur le côté, à courte distance de l’une des extrêmités. Il y enfila un petit cône en papier d’aluminium, de façon à ce que la plus grande ouverture du cône soit dirigée vers le haut. Son œuvre achevée formait un petite calumet improvisé; l’herbe du petit diable y fut introduite. Ce fut un instant bien plaisant... Dans les couleurs du crépuscule, le jardin polynésien dégageait une douce humidité. La fraîche poissaille était engloutie, nous avons dégusté notre petite pipe improvisée.

Ah. J’étais Corto et lui c’était Raspoutine, à la différence près que Raspoutine n’a jamais menacé de me tuer.

J’ai quand même demandé à Joe si tante Mary n’allait pas se mettre en colère en reniflant le parfum de l’herbe dans son jardin. Il m’a assuré que tante Mary fumait ça, elle aussi.



Détails sur la French légion étrangère: pour ceux qui veulent s'engager.
Dans la légion, on s’engage pour un minimum de cinq ans. Le recrutement a lieu exclusivement en France métropolitaine, en particulier à Aubagne près de Marseille. Une fois engagé, le légionnaire est envoyé à Djibouti, à Mayotte ou à Kourou en Guyane française pour la suite de sa formation. La Légion Etrangère se targue d’une discipline et d’un code d’honneur supérieur à ceux de l’armée de terre. Le légionnaire étranger est encouragé et aidé dans son apprentissage du français. Après trois ans, il peut faire une demande de citoyenneté française. La demande est acceptée si le légionnaire a bien servi, à moins qu’un crime commis dans son passé exclue son acceptation. En effet, bien qu’un passé de petit criminel ne soit pas un obstacle à une carrière de légionnaire, toute personne recherchée par Interpol est exclue d’entrée à la Légion.

* Ce récit date de mon séjour aux Iles Fidji en avril 2006

** Taveuni est une petite île de l'archipel des Fidji. Elle se trouve au sud-est de Vanua Levu et est traversée par le 180e méridien ou ligne de démarcation de date.

*** Ce qui suit repondra a la question du lecteur regnyff (cf. commentaire lecteur regnyff , blog du 02.04.2006) (consultez le blog musical du lecteur regnyff sous http://www.bloodyblobby.blogspot.com/)



Uetliberg

26 décembre 2006






Il court beaucoup de légendes sur les chats, par exemple celle qui veut qu'ils aient dix-huit vies et que cinq d'entres elles soient enterrées dans les dunes du désert de Gobi. Ce chat hivernal-là était pourvu d'un pouvoir bien particulier. C'est en clignant des yeux qu'il provoquait la descente du soleil vers ses quartiers de somnolence, et celui-ci à son tour dessinait l'éclat froid de décembre dans le ciel. Gris ou bleu, l'hiver, je ne sais pas, mais parfois on lui trouve un peu de rose et d'orange, et les branchettes nues des bouleaux paraissent moins désolées.

25 décembre 2006


Noël nostalgie

17 décembre 2006




Les arbres sont tout nus, les dauphins ont disparu

On a cherché les pinsons, mais on s'est trouvé tout cons

L'hiver c'est froid c'est bleu, il vaut mieux être amoureux.

03 décembre 2006



Cygnes dominicaux, décembre à Zürich